LE COTON BIO PREND RACINE

Olivia Marsaud

Alors que ses débouchés restent étroits, les pays africains parient de plus en plus sur le coton biologique. Les projets se multiplient. Avec l'espoir de favoriser cette culture respecteuse des écosystèmes et qui rapporte plus aux agriculteurs.

31/10/02 : La culture du coton biologique n'utilise pas de pesticides et d'engais chimiques, elle restaure la fertilité des sols et l'équilibre des écosystèmes. Produire du coton bio ne revient pas plus cher que de le produire en conventionnel mais rapporte 20% de plus. Pour toutes ces raisons, le coton biologique devrait avoir une place de choix dans les cultures africaines. " Le coton est la principale source de devises de beaucoup de pays en développement et la seule source de revenus de nombreuses familles d'agriculteurs mais pose d'énormes problèmes écologiques. Malheureusement, les alternatives peinent à se développer. Le coton biologique est presque inexistant ", indique-t-on chez Helvetas, une ONG suisse qui promeut la culture du coton bio au Mali depuis 1999. 

En effet, le coton bio coûte 15 à 30% plus cher que le coton conventionnel et sa culture n'a été implantée sur le Continent que depuis une dizaine d'années. Résultat : depuis 1995, la quantité de coton-fibre biologique vendue ne dépasse pas les 6 000-7 000 tonnes, représentant 0,06% de la production mondiale de coton. L'Afrique arrive, en matière de production, derrière la Turquie, les Etats-Unis et l'Inde. Certains pays y sont relativement en avance, comme l'Ouganda (5% de la production mondiale de coton bio), la Tanzanie, le Sénégal et l'Egypte qui a montré son intérêt pour l'agrobiologie dès les années 70. L'Europe est le principal débouché du coton bio africain. 

Les projets se multiplient 

Au Sénégal, la première expérience de production de coton bio remonte à 1993 et n'a duré que deux ans, fournissant 4,4 tonnes de coton. La deuxième expérience est toujours en cours et le Sénégal est passé de 53 producteurs en 1995 à 162 en 2001, et d'une production de 4,6 tonnes en 1995/96 à 37 tonnes pour la saison 2001/2002. La Société de développement des fibres textiles (Sodefitex ), qui encadre la production conventionnelle, souhaite même se lancer dans l'aventure : " Nous voulons nous appuyer sur la culture du coton biologique et ce, dès la saison prochaine. Nous pensons qu'elle est viable et notre projet se fera en partenariat avec une ONG qui travaille à la promotion de l'agriculture biologique, Agrécol Afrique. Contrairement aux autres projets qui exploitent une centaine d'hectares au plus, nous tablons sur 1 000 ha ", explique Abdoulaye Dia, de la Sodefitex. 

Le Bénin quant à lui s'est tourné vers le biologique dès la campagne 1996-1997. L'Opebab (Organisation béninoise pour la promotion de l'agriculture biologique) exporte le coton vers la Hollande. Le projet est financé par l'Accord bilatéral sur le développement durable signé entre le Bénin et la Hollande, ce qui permet de garantir l'achat et le paiement rapide de la production (150 tonnes en 2001-2002). Ces initiatives se multiplient dans différents pays et leur chance de réussir tient aux choix des consommateurs occidentaux. Malgré un marché encore étroit, le coton bio prend racine, lentement mais sûrement, en Afrique. 

(c) Afrik.com     EDITION DU 07/11/02