« V0YAGE AU MALI
du 23 novembre 2003 au 12 décembre 2003. »

par Michel Fichou
 
 

Avant le départ :

 
 
vendredi soir, le 14, réunion ,à notre domicile, au Pontois , de la plupart des membres
du groupe pour diverses informations concernant le voyage et le Mali : adresses utiles ;
matériel à apporter avec soi, prise en charge individuelle de médicaments collectés par
Monique PICHON, vice-présidente, de tee shirts offerts au Dr CHARTON par Armor Lux de
Quimper, de ballons gonflables, répartition dans les hôtels de Bamako et dans les 4x4,
réponses à de nombreuses questions, préparation à ne pas oublier d'impressions individuelles
de voyage qui seront publiée sur le site Internet de l'Association…

Dès avant le départ, deux problèmes sont signalés, , auxquels nous serons confrontés à
notre arrivée :

1 - Le docteur MAÏGA, médecin-chef de l'hôpital de référence de la Commune 5 de Bamako, auquel nous avons adressé le Container de 3O m3 préparé par Ségou-Breizh, vient d'être suspendu de ses fonctions à la suite d'une dénonciation calomnieuse d'un médecin d'une clinique privée l'accusant d'avoir détourné du matériel de l'Hôpital… Pas d'enquête
préalable., pas de preuves …
le Ministre de la Santé a ordonné la suspension. Ici, à La Roche, lors de la dernière Assemblée Générale, tous les adhérents présents avaient pu apprécier a
priori sa droiture, son sens de l'éthique professionnelle, son souci de tous les malades evant être soignés avec ou sans argent, la Sécurité Sociale n'existant pas au Mali et tout acte médical étant normalement payant …

Comment expliquer ces accusations : jalousie ? pressions du milieu malien où la tradition veut que celui qui possède partage avec sa famille et avec les plus démunis ? Il devait rechercher un moyen de transport pour acheminer sur Ségou la part du container qui lui est destinée et est normalement entreposée à l'Hôpital ! Il faudra chercher ailleurs !

2 - Par ailleurs, deuxième chose inquiétante : de Ségou, le fondé de pouvoir Abdoulaye KEITA,
m'annonce au dernier moment que la programmation dont il était informé depuis assez
longtemps par Jacob DRABO, devra être revue pour cause de fête de fin du Ramadan le 25
novembre (visites prévues ce jour-là: Cinzana, Minankofa, Garo, Sirakoro …) ; Voici ce que
je me permets de lui écrire étant son ancien « karamogo » (maître d'école) :

« La Roche, le 14 novembre 2003.
Mon cher Abdoulaye,

Tu m'annonces, seulement hier, alors que tu avais depuis longtemps notre projet de
programme de voyage (remis par Jacob DRABO) les difficultés de le réaliser en direction
notamment de Minankofa, Garo et Sirakoro, à cause des fêtes de la fin du ramadan!
… Est-ce que les gens qui seront en fête ne peuvent pas penser un moment que la délégation
vient pour leur rendre service à eux, malgré tous les retards, toutes les difficultés passées... …
Tu sais sans doute que j'ai été dans ma carrière professeur d'histoire de l'Islam au Maroc (un
de mes anciens élèves, Malki Habib, y est Ministre de la Jeunesse et des Sports et de
l'Education Nationale). C'est pourquoi j'ai appris à connaître le Koran et les Hadiths. Au
Maroc, durant les cinq années que j'y ai vécu, l'étranger était considéré comme le « dif Allah
», (l'envoyé de Dieu). A ce titre là, de vrais musulmans peuvent-ils, à cause d'une fête
musulmane, ne pas recevoir les étrangers ... d'autant plus qu'ils y ont intérêt. Dans la sourate 17
«le Voyage nocturne» (AI Isra), n'est-il pas écrit aux versets 25 et 26: « Allah discerne vos
pensées les plus secrètes. Allah voit si vous faites le bien. Donne à tes proches ce que ni leur
dois, Donne aux pauvres, aux voyageurs, aux malades... ». Nul n'est parfait, moi encore moins
que les autres, ; je me suis permis cependant en tant que karamogo de te rappeler plus haut ce
qui est dit dans le Koran.

J'ai un autre problème dont je n'ai pas pu, et pour cause, te prévenir: je cherche un moyen de
transport de Bamako à Ségou des 9 m3 d'affaires pour Cinzana. J'ai pris contact pour cela
avec Alfred Sidibé, vais contacter Jean Zerbo... Je cherche évidemment le moyen le moins
cher possible (et pourquoi pas gratuit! on peut rêver) en sachant que chaque franc dépensé
vient en déduction de ce que j'on peut apporter aux projets locaux.... C'est pourquoi aussi, il
convient de trouver peut-être d'autres entrepreneurs moins disants. J'en ai parlé aussi à
Birama KANE avec qui la communication par e-mail est assez pratique… »

Voilà deux problèmes sérieux qu'il nous faudra donc régler sur place et qui, déjà, font
prendre conscience aux voyageurs qui n'ont jamais été en Afrique subsaharienne de
différences profondes entre nos cultures respectives, que ce soit dans la conception du temps
saisi au jour le jour et où des programmations prennent difficilement place ou que ce soit dans
la mise en œuvre de la justice …

MERCREDI 26 novembre 2003

Voilà quelques jours que nous sommes au Mali et il me semble avoir quitté depuis de
longues années , une planète pour une autre… C'est comme si nous avions quitté la Bretagne
heureuse et prospère, aux supermarchés et magasins divers de toutes natures, regorgeant de
produits de consommation, pour un pays qui conjugue le dénuement, l'absence souvent
d'objets les plus communs de consommation courante que nous estimons de première
nécessité, la pauvreté, mais aussi le sens de l'accueil et de la solidarité. Il me faut reprendre
ici, ne serait-ce que pour ne pas les oublier les faits les plus marquants des trois derniers
jours .

DIMANCHE 23 novembre 2003

GUIPAVAS-ROISSY 13h. 20 –14 h.35 :vol sans histoire après un enregistrement des
bagages sans problèmes majeurs, les 50 kilos de fret supplémentaire accordé par Air France
(Madame Michèle Queilles des services humanitaires) passant normalement. Un petit
problème se pose cependant à l'hôtesse chargée de l'enregistrement : chacun des membres du
groupe a pris sur son contingent personnel de 23 kilos alloué par la compagnie , pour assurer
leur acheminement ainsi que la possibilité d'y inclure un kilo de médicaments collectés près
des adhérents et deux kilos de tee shirts (don de la société Armor Lux). Certains d'entre nous
ont ainsi dépassé les 23 Kilos autorisés par passager plus une tolérance de bagages cabine de
10 Kilos ; d'autres ne les atteignent pas. En compagnie de Monique Pichon, je propose alors à
l'hôtesse de globaliser les bagages de soute des 15 voyageurs présents. D'abord réticente, elle
accepte finalement après interventions pressantes de notre part ( aide humanitaire, bénévolat
de tous les membres de la mission, nécessité si non accord d'ouvrir les bagages pour
abandonner des médicaments…) et après avoir consulté un collègue d'Air France. Possibilité
théorique donc de 315 Kilos ! L'hôtesse, calculette en mains, additionne en donnant les poids
individuels à haute voix…. Je la dépasse en rapidité, par simple calcul mental, face à sa
manipulation de la machine ! Mon passé d'instituteur de classe de fin d'études , à Ségou, de
1955 à 1958, où j'ai dû apprendre à mes élèves cette gymnastique mentale tout en l'apprenant
moi-même, m'aura finalement servi, juste retour ?, au bénéfice des Maliens ! On dépasse
quelque peu le poids total autorisé… Le tout est accepté, Dieu merci… C'est là un avant goût
de nos discussions africaines à venir !


Les Docteurs Gasnier et Le roux


Salle d'embarquement Guipavas

ROISSY-BAMAKO, vol théorique de 16h. à 20 h.40, vol sans histoire s'il n'y avait
eu, à laquelle nous avons dû assister , une reconduite des plus pénibles à la frontière d'un
malien. Ce sans papiers, prostré, à deux rangées de sièges derrière Andrée et moi, ne cessait
de crier et de supplier : « Allah !!… Tuiez(sic) moi !!… je vous en supplie ; tuiez moi… Je
ne suis pas malien… Tuiez moi… je suis congolais !… » Ces lamentations mettant les nerfs à
fleur de peau de tous les passagers, nous y compris, mais surtout des maliens qui nous
entouraient et protestaient véhémentement, les nombreuses allées et venues ainsi que
commentaires du Commandant de bord et des personnels se rendant fréquemment au fond de
l'avion, où se déroulait ce drame humain… tout cela a retardé le décollage d'au moins une
heure… Nous avons assisté là à une triste image de la France…l'expulsion musclée par
plusieurs policiers français d'un homme certes sans papiers au milieu de ses propres
compatriotes regagnant leur pays soit pour des congés, soit après des séjours «dits de tourisme
ou de court séjour » avec visa régulier délivré par le Consulat de France à Bamako, dans des
conditions de sélection voire de favoritisme d'une toute puissante administration française sur
le travail de laquelle on peut légitimement s'interroger !

MARDI 25 novembre 2003

Ce matin, depuis « le petit jour » jusqu'à 14 heures, nous étions tous à Cinzana dont
dépendent les villages de Minankofa et Garo. Accueil chaleureux à Cinzana où , malgré la
fête du ramadan, le maire, Jean-Marie KEITA , nous a reçus officiellement .
De premières rencontres de travail ont pu se tenir spontanément : médicaux du groupe - sauf les docteurs Charton et Le Roux restés à Bamako pour d'autres travaux- avec infirmier et pharmacien
locaux ; enseignants de notre groupe avec directeurs des établissements scolaires (primaire et secondaire) de Cinzana. Dans tous les domaines concernés des échanges futurs sont prévus ; l'est également la mise sur pied d'une bibliothèque. La base de départ en sera tous les divers romans collectés pour le container.
Photos du maire lors de son discours d'accueil, du président répondant, des groupes
1) de médicaux 2) éducation.

Visite des villages de Minankofa et Garo pour examen du puits ( impression plutôt satisfaisante pour la partie réalisée…) et surtout vœux de bonne fête et salutations aux dougou-tigui (chefs de village ) : des examens médicaux pratiqués sur place, une assemblée Générale de Sini Niesigui Ton, notre Association locale partenaire prévue pour les jours à venir…

- Reunion autour du maire du Village de Cinzana


Vue générale de Minankofa


- le puits


- Le Château d'eau


- Garo : Mosquée


- Garo : dougou tigui


Réception vestibule

 

MERCREDI 26 novembre 2003

Je suis en ce moment dans une case du Centre Gabriel Cissé de Ségou:–il est bientôt
13 heures-. J'attends que Jacob Drabo vienne me chercher pour déjeuner : celui-ci est venu
l'an dernier passer une huitaine de jours à La Roche . Quelques adhérents et membres du
bureau (avec lui nous avions eu une réunion de travail chez notre vice-présidente, Elisabeth
Thomin) le connaissent. Je suis resté seul à Ségou pour y régler des problèmes de
l'Association, Andrée étant partie ce matin aux aurores (le jour s'est levé vers les 6 heures,
comme à peu près tous les jours…) pour accompagner les autres membres du groupe vers
Mopti, puis le pays Dogon et enfin Djenné… Les membres de Ségou-Breizh qui voyagent et
font des rencontres très utiles pour l'avenir, sont ravis, ou tout au moins le disent…
Aujourd'hui, fin de sieste maintenant que j'écris, après le repas : riz sauce arachides,
un peu de viande, quelques « alocos » (fines tranches de banane Plantin frites)… Dehors :
environ 35 degrés à l'ombre. Heureusement que la nuit, la température tombe entre 20 et 25…
Il est seize heures et le fondé de pouvoir de Ségou-Breizh, mon ancien élève Abdoulaye Keita
doit venir me chercher pour la suite des diverses rencontres…
……..
La partie du conteneur destinée à la région de Ségou y est enfin parvenue après bien
des péripéties ; On vous racontera,… Le pharmacien de Cinzana est déjà venu ce matin à
Ségou chercher des médicaments apportés pour les remettre au dispensaire … Un professeur,
Firmin Coulibaly, sera sans doute là demain pour la partie livres et fournitures scolaires ; les
imprimantes canon et le matériel informatique commencent à être remis à leurs
destinataires…
Photos des cartons du conteneur, de la fourgonnette pour le transport

.. J'allais oublier de noter notre visite ce matin en compagnie de Monique Pichon au
chirurgien ophtalmo de l'hôpital de Ségou, le docteur Banou, dont les besoins en
interventions diverses sont très importants et qui réfléchit déjà avec son administration de
tutelle à la passation d'un protocole pour officialise et cadrer les interventions à venir…

JEUDI 27 novembre 2003

8h.30 : entretien avec Abdoulaye KEITA, un de mes anciens élèves et fondé de
pouvoir au Mali de Ségou-Breizh. Il est directeur d'école à la Paroisse de Ségou : un
musulman, directeur d'une école privée catholique, exemple s'il en est de la tolérance et de
l'acceptation de l'autre avec ses différences ! Peut-on simplement imaginer un instant pareille
chose en France et surtout en Bretagne ?

9h. Nous nous rendons à SIRAKORO, avec le véhicule du directeur régional de la Santé mis à notre disposition. Long palabre sous l'arbre de la place centrale et à l'ombre de la mosquée. Y assiste la majeure partie du village, hommes, femmes et enfants dont au moins un représentant de chaque famille. Y participent, les Conseillers du chef de village et l'imam entourant le « Dougou Tigui » Samou TRAORE que nous avions déjà rencontré lors de ma dernière visite en janvier…
La réalisation d'un puits sans clôture et portail métalliques , avec participation financière des villageois pour un montant de 200 000 CFA et la signature d'un protocole définissant les engagements des parties sont décidés. Le document que je
vais rédiger sera examiné avec les protagoniste, dont l'entrepreneur de Pelengana, Salifou COULIBALY, le lundi 1er décembre.
Photos de Samou Traoré et A.Keita ; des sages ; des femmes, des enfants…
11 h. réunion tripartite entre Jacob Drabo, responsable ecclésiastique de la Base des
Artisans, Raphaël Coulibaly, son directeur et moi-même. A ce dernier je fais part de la
satisfaction de Jean Pichon, membre de l'Association et mari de la vice-présidente, qui
travaille dans les Travaux Publics en Bretagne et a particulièrement apprécié la qualité des
matériaux, le montage métallique du château d'eau. Avec le « wari tigui »( littéralement, chef
de l'argent.), Etienne Dupré, trésorier adjoint de l'Association, ils ont cependant déploré la
non finition de l'ouvrage décidé depuis bientôt un an, la production tardive de facture souvent
réclamée, l'absence de margelle de protection, de l'éolienne, l'insuffisance de la capacité du
château d'eau prévue pour 3 m3. Insistant sur tous ces points qui ôtent de la crédibilité à la
capacité de respecter les engagements pris, j'y ajoute un autre point du contrat qui n'a pas été
respecté : l'engagement de former deux personnes des villages qui assureront la maintenance
de l'ensemble .
Raphaël, tout en les expliquant, reconnaît ces manques et signera une
attestation d'achèvement complet et de mise à jour (réserve de 3m3) des travaux pour la
fin décembre . Si la réalisation dépassait la date du 15 janvier, une pénalité journalière de
20000 CFA par jour de retard sera appliquée.
Photos : vue de l'éolienne en construction ; des pièces du « moteur »
16h. entretien, au sujet notamment de l'aspect administratif de la construction de
l'école, avec Birama KANE, conseiller pédagogique de l'Inspecteur, directeur du C.A.P.
(Centre d'Aide Pédagogique ) de Markala dont relèvent la commune de Cinzana .et par
conséquent les villages de Minankofa et Garo qui en font partie.

VENDREDI 28 novembre


- 8h.15 : à la mairie de Cinzana, rencontre avec le maire, Jean-Marie KEITA à
qui je présente un diaporama des photos prises le 25 novembre précédent, expose en détails ce
qui a été déjà fait , au niveau du puits, certaines difficultés rencontrées et en passe d'être
réglées. Suit une discussion approfondie sur la suite du projet ainsi que des incertitudes liées
notamment à la participation, jugée insuffisante jusqu'à présent, des villages concernés.
- 9h.15 crevaison sur une souche de la piste très rétrécie d'un pneu du véhicule
de Jacob DRABO qui nous pilote,, après que nous soyons passés par Garo. Nous nous
trouvons encore à une assez bonne distance du village de Minankofa ; Marche assez pénible
avec Yacouba KODIO, adjoint au maire et délégué par celui-ci pour notre prochaine réunion.
Heureusement Marcel Dao, secrétaire de l'Association Sini Niesigui Ton, vient me chercher
et m'amène sur le siège arrière de sa moto !
- 9h.30- 13 h. Salutations rituelles, point sur le puits et l'engagement du
directeur de la base des Artisans de Ségou, présentation des possibilités pour la réalisation en
deux tranches de l'école à deux classes, discussions sur la participation à la réalisation de la
première tranche de l'Association locale qui au départ ne s'élève qu'à 200 000 CFA…Les
débours minima pour deux enseignants payés chacun à 35 000 CFA/mois seront de 840 000
CFA/an ! S'ils ne peuvent participer que pour 200 000, c'est qu'ils ne pourront pas payer les
maîtres de leur école communautaire. Inutile donc d'envisager la construction… S'ils ne
peuvent pas le faire, on s'arrêtera au puits ; nous resterons bons amis, mais on s'orientera vers
un autre village pouvant participer et assurer le suivi ; le maire le choisira…
- « Pour réaliser le projet d'école, il faut regarder en avant, tous ensemble
comme si la réalisation du projet était de l'autre côté du fleuve : certains d'entre nous ne
savent ni nager ni pagayer ; la barque trop chargée peut couler au milieu du fleuve… Nous
devons tous ensemble, les gens de Minankofa, de Garo, de Ségou-Breizh, apprendre ce que
nous ne savons pas, apprendre à nager, à pagayer, profiter des qualités les uns des autres pour
avancer, en pensant aux enfants dont l'école attend de l'autre côté du fleuve … Pour nous
tous, nous devons travailler et ne pas attendre seulement de l'assistance, mais conduire la
pirogue, même si c'est très dur… » Voilà en substance le discours que j'ai lancé dans la
discussion lors de ce long palabre !
- Discussions, échanges nombreux, parfois vifs entre participants…
Finalement, le Président de Sigui Niesigui Ton dit qu'il ne faut pas construire l'école
ailleurs, qu'ils participeront à hauteur de 800 000 CFA, soit les 200 000 initialement
proposés plus , à évaluer financièrement par l'entrepreneur et venant en déduction du devis
initial, du sable et du gravier déjà récoltés par les Bozos dans le Bani et transportés par les
villageois de Minankofa ainsi que des journées de main d'œuvre également à évaluer… Je
rencontrerai donc à ce sujet l'entrepreneur Jean-François DIAKITE et établirai un protocole
qui sera signé par le maire de Cinzana, les chefs de village concernés , le Président de
l'Association, l'Entrepreneur, moi-même et Abdoulaye KEITA.
Les échanges portent alors sur des possibilités de tourisme équitable qu'ils mettraient en
place à Minankofa et de pêche communautaire à Garo débouchant sur des revenus
substantiels pour l'Association locale. Un devis pour l'achat d'un grand filet sera établi et
sans m'engager plus avant, je déclare que je le proposerai aux milieux bretons de la pêche.
- Pour clôturer cette longue demi-journée sont remis au Président, des ballons
gonflables pour les enfants et des casquettes et tee-shirts offerts par Armor Lux.
- Photos : illustrer tout le passage ci-dessus de photos du palabre : Kodio
Yacouba, vue d'ensemble, tee shirts…

SAMEDI 29 novembre

Toute la matinée, j'attends en vain la visite qu'il m'avait annoncée, de Firmin SIDIBE, directeur de l'enseignement privé… L'an dernier déjà, il m'avait annoncé une lettre, que j'attends toujours, pour son homologue de QUIMPER ! En ayant parlé à MGR GUILLON, évêque du Finistère venu à mon domicile rencontrer Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako,
je les avais entretenus de cette lettre attendue et avais reçu de Mgr Guillon l'assurance de son appui près de son responsable diocésain…

Après-midi, 15 h. rencontre très cordiale avec l'Inspecteur , directeur du C.A.P. de Markala et
de son Conseiller Pédagogique, Birama KANE.
16 h. Mustapha MAÏGA, directeur du journal le Ségovien vient me faire savoir que, par suite
d'imprévus, il préfère une rencontre ultérieure à la quelle il ne viendra d'ailleurs pas !

DIMANCHE 30 novembre

A 10 h. rencontres avec Firmin SIDIBE accompagné de son ami, le Docteur Balou. A qui je
rappelle l'urgence de l'établissement d'un protocole.
A 11 H. attente vaine de Mustaph' Maïga.
A 16 H. le Directeur du CAP de Markala et son conseiller Pédagogique viennent me
remercier pour l'imprimante et quelques livres de documentation pour les maîtres. Birama
KANE souhaiterait notre intervention et notre aide pour aider une association de femmes à
créer un jardin d'enfants à DIORO ; Il nous fera parvenir sans garantie aucune de notre part
un devis. (A noter que Markala est jumelé avec la ville de la Flèche.)

LUNDI 1er décembre

- 9h. Signatures d'un protocole avec Salifa Coulibaly, entrepreneur à
Pelengana, village contigu à Ségou, pour la construction du puits de Sirakoro. Celui-ci sera
achevé pour le 15 février, date butoir, donnant leu le cas échéant à des pénalités de 20 000
CFA par jour de retard.
- Tri et distribution du contenu du Conteneur…
- Qq photos du Conteneur
- 11 h. Visite au Proviseur du Lycée Cabral piloté par son ami et ancien élève,
l'abbé Dieudonné FORO et annonce d'une imprimante.



- Photo du proviseur
- Vers 17 H. Arrivée de DJENNE des voyageurs de Ségou-Breizh. Tous, qui
profitent du confort bien mérité de l'hôtel « l'Auberge », sont ravis de la découverte des
paysages et d'une certaine approche des cultures maliennes, et cela malgré la fatigue due à la
chaleur, aux marches dans le pays Dogon, à la navigation en pirogue, à la visite de Djenné,
ville certes placée au patrimoine mondial de l'humanité mais particulièrement sale au
jugement de tous….
- Qq photos à l'Auberge




MARDI 2 décembre

9 h. Signature d'un protocole pour la construction de l'école de Garo-Minankofa avec
Jean-François DIAKITE, entrepreneur qu quartier Médine de Ségou. La participation des
villageois en fourniture de gravier, sable et main d'œuvre est estimée à près de 800 000 CFA.
13 h. départ pour Bamako de ceux qui ont fait étape à Ségou ; sur le chemin du retour ,
certains manifestent déjà un certain regret devant ce départ proche, la brièveté du séjour et
tout ce qu'ils auraient aimé encore découvrir et poursuivre comme contacts.

MERCREDI 3 décembre

8 h. départ d'Andrée et moi-même pour Minankofa-Garo, accompagnés de J-F Diakité et
d'un de ses fils qui conduit les travaux de l'entreprise, lui-même étant mal voyant.
On récupère au passage à Cinzana Marcel Dao. Arrivés à Cinzana, après avoir salué le
dougou Tigui, nous nous rendons, accompagnés notamment de Bertrand TRAORE, ancien
élève et conseiller du chef de village, sur les lieux réservé à la construction de la future école.
Non loin de là, à une petite centaine de mètres un berger Peuhl accompagné d'un jeune
garçon, surveille son troupeau . Nous échangeons quelques salutations, ayant garé la voiture,
une Mercedes « au revoir la France » que nous a prêtée Jacob DRABO, à l'ombre et à
quelques mètres de ses bœufs

A l'endroit où doivent s'élever les deux classes, plus proche de Minankofa que de Garo et en pleine campagne, un petit tas de sable nettement insuffisant ; pas de gravier ;.Les somonos musulmans disposent à Garo de matériau suffisant, mais le transport annoncé et qui devait être réalisé par les gens de Minankofa n'est pas effectué !

Il est alors question de latrines, omises dans le devis, de délimitation exacte du terrain affecté
à l'école et prévoyant extension future possible, clôture, jardin scolaire, terrain de sport ouvert
à la population, construction de logements pour les maîtres, puits à petite dimension…. Tout cela sera réalisé par la population ou fera l'objet de tranche de travaux ultérieures, quand cela sera possible … Ne pas oublier l'équipement en tables bancs, tableaux, armoires de rangement….

Des devis seront demandés, par Jean-François D. près de fabricants qu'il
connaît, par Marcel Dao à la Base des Artisans de Ségou. … Les travaux débuteront dès que
le matériau promis sera sur place et après rencontre entre l'entrepreneur et Sini Niesigui Ton
prévue le samedi suivant 6 décembre…
A Garo, l'accueil, malgré l'absence de nombreux habitants occupés aux champs ou à la
pêche, l'accueil est toujours aussi chaleureux : le chef de village se déplace(photo) ; nous
rencontrons une assistante sociale ambulante(photo) venue en vélomoteur de Cinzana, pour
pratiquer de l'alphabétisation en somono ; quelques pêcheurs viennent à notre rencontre et
nous entretiennent de leurs difficultés à acquérir du matériel de pêche (photos sous
l'arbre :filets de pêche); les enfants nous font fête ; puis nous sommes conduits au petit port
sur le Bani après une descente sur une pente abrupte sur laquelle j'effectue un rouler bouler
sans grâce aucune ; nous y observons avec intérêt quelques pirogues (sans moteurs cela va
sans dire) sur les trente sept dont dispose le village, de rares nasses, des filets à réparer un
amoncellement de petits poissons, que nous destinerions en France à de la friture (nombreuses
photos des bords du Bani)…

Je ne puis m'empêcher de penser en comparaison aux équipements impressionnants des ports du Sud Finistère comme ceux du Guilvinec, de Concarneau : que je souhaiterais que les pêcheurs bretons découvrent ce dénuement et cette dignité manifestée par les pêcheurs Somonos… Ceux-ci souhaiteraient se voir dotés de filets à grande dimension pour la pêche collective qui alimenterait pour partie la caisse de l'Association, complément non négligeable aux ressources apportées par la vente des produits du maraîchage… Au chef de village et quelques pêcheurs présents sous l'arbre à palabres au centre du village, non loin de la petite
mosquée en banco dont la pointe est brandie vers le ciel, nous ne promettons rien mais signifions que nous présenterons un dossier à des organismes de pêche bretons en espérant que la solidarité, entre gens exerçant la même profession, jouera en leur faveur…

Retour sur Cinzana où nous découvrons l'infirmier en pleine consultation, la salle d'attente
extérieure faite de piquets soutenant un toit en paille. (photos de la consultation, des
personnels, des affiches) Nous rendons visite aux chefs d'Etablissements scolaires dont les
cours comme toute la périphérie des villes au Mali sont jonchées de restes de sacs en
plastique.;(vue d'ensemble Et. Scolaire) La bibliothèque où règne un capharnaüm certain
nous est ouverte à ma demande pour cette visite impromptue…(vues extérieur et intérieur
bibliothèque) Le pharmacien est absent, mais son épouse nous fait découvrir la pharmacie où
vendeuse et médicaments sont protégés par un grillage qui permet de voir cependant des
médicaments divers dont beaucoup sont proposés à l'unité…(deux photos) A la mairie, le
maire nous fait savoir que lettre de remerciement et récépissés divers pour tout le matériel
affecté à Cinzana sont en préparation… Là, comme presque partout ailleurs, comme je suis
affublé du nom (diamou) supplémentaire de Coulibaly, cela donne lieu à de surprenantes
joutes de cousinage. Cela consiste , après échange de diamou (nom) et de togo (prénom), à
s'insulter, se traiter des qualificatifs les plus péjoratifs… pour finalement éclater de rire en se
tapant dans la main ! Ce serait une coutume dite de cousinage permettant aux gens d'ethnies
différentes, souvent rivales par le passé, d'exercer une sorte de rite de défoulement, véritable
catharsis, qui manifeste à tous que le passé est oublié !

JEUDI 4 décembre (Ségou)

- matin : rencontres avec le commerçant Haïdara qui a le monopole local des
articles de pêche et nous prépare une facture pro forma,(deux photos) puis avec une
bretonne, Madame Heliès originaire de Brest dont le mari travaille à l'Office du Niger et qui,
gérante du magasin d'objets de l'artisanat africain, nous propose gentiment de servir, si
besoin est, de boîte aux lettres informatique pour l'Association. Un message est
immédiatement transmis au Comité de jumelage d'Angoulême pour leur faire connaître que,
ayant entrepris des négociations avec la section ophtalmo de l'hôpital de Ségou, nous ne
voulons en aucune façon marcher sur leurs plates-bandes. … C'est ensuite une rencontre avec
Firmin SIDIBE, directeur de l'enseignement diocésain qui me remet une lettre pour son
homologue quimpérois : si des matériels divers, utiles, étaient collectés à leur intention, y
aurait-il place pour eux dans le Conteneur que doivent préparer les Etudiants de l'I.U.T.
d'Evry ?
- 17 h. Remontée vers la Pension « le Séguéré » à Bamako dans le véhicule
4X4 de Jean ZERBO. Arrivée vers 20 heures passées.
- (nombreuses photos du Séguéré)

VENDREDI 5 décembre (Bamako)

11 h. 30. Rencontre des plus simples et des plus cordiales avec Madame l'épouse du
Président de la République A.T.T., qui a pris la succession de son mari pour suivre la
destinée de la Fondation pour la mère et l'enfant…. Que l'on est loin de la rigidité du
protocole Français. ! J'essaierai, en vain, en l'absence de l'Ambassadeur de France, de
rencontrer son premier Conseiller…(3 photos Mme ATT assise, debout, avec Président)
Madame A.T.T. est une femme qui sait écouter, très vite déclare soutenir notre action, et
souhaite qu'un protocole puisse être établi entre l'Hôpital du Luxembourg de la Fondation
et Ségou-Breizh. (photo de l'entrée hôpital du Luxembourg)A ma question de savoir si je dois
annoncer aux adhérents de S.B. que le Docteur Maïga est un voleur, c'est le directeur de la
Fondation qui répond « ce n'est alors qu'un voleur de cœurs » ! qu'il sera appelé à d'autres
fonctions plus importantes.


Madame l'épouse du Présidente , pour soutenir notre action et attirer l'attention bienveillante
des autorités administratives françaises écrira à L'Ambassadeur de France à Bamako, au
Ministre des Affaires Etrangères, aux Présidents des Conseils Régional et Départemental. Une
lettre personnelle de soutien, en plus des ampliations des différents courriers, me sera
également adressée.

SAMEDI 6 décembre

Journée de détente où Andrée, Bernard Charton, Paul Gasnier et moi-même partons visiter le
village d'origine de Békaye Coulibaly, Tijiana. C'est là l'occasion de réaliser un véritable
reportage photographique sur un village de brousse très isolé.. Nous découvrons aussi dans
une case un de ces tirailleurs dits « sénégalais » qui a fait la dernière guerre puis l'Indochine.
Il est le seul revenu vivant du village d'où étaient partis défendre la France quelques dizaines
de soldats. Plein de dignité, il nous salue, puis nous montre son certificat de bonne conduite,
sa carte de combattant, ses relevés de versement par la Paierie de France… J'ai brusquement
honte d'être français. Par mois, il reçoit moins de 5000 CFA, 50 Francs français, bref
quelques 7 Euros…(Photos du tirailleur, du certificat de bonne conduite, du livret militaire, du
reçu semestriel)
Nous reprenons la piste de latérite rouge en relativement bon état et dépassons une 403
Peugeot à plateau, chargé à mort de bois de chauffage… Comment peut rouler le véhicule ?
La désertification , nécessaire pour assurer la cuisine, avance. (deux photos du camion)
C'est alors la visite détaillée du gros village de Diarakoroba, sur la route de Sikasso… Le
véritable marché africain, pas fait pour touristes, où s'interpellent bouchers aux étals couverts
de mouches, marchandes de poissons séchés, de beignets, de calebasses, de fruits et légumes
les plus divers, de fripes, réparateur de postes de T.S.F, Comme partout au Mali, absence
totale d'agression, de mendicité, salutations courtoises, qui, si l'on peut passer au cousinage,
finissent par de grands éclats de rire.. (photos choisies du marché)
Retour sur Bamako : deux boys moteurs, agrippés sur le toit d'un fourgon chargé en hauteur
d'une impressionnante montagne de charbon de bois, risquent à tout moment d'en
accompagner la chute du côté où tout le véhicule penche de façon inquiétante…(trois photos)
Enfin en soirée, c'est une soirée Djumbe dans une boîte obscure où ne doivent pas se risquer
habituellement de blancs. Accueil chaleureux.. Très bon rythme du batteur de Djumbe
accompagné d'une Cora électrique et qui donnent le ton à des griots déchaînés. Dommage que
le nombre de décibels produits soit vraiment élevé…

 
     
 

Dimanche 07 décembre

Repas chez le docteur Maïga auquel participent sa femme et ses enfants…ce qui est à
souligner ! C'est là, s'il en était besoin, preuve, supplémentaire d'occidentalisation bien
comprise.(photo du groupe sous la vérandah, de ses filles)
Que Bamako est une ville polluée. Sise dans une cuvette aux bords du Djoli Ba (Niger), un
nuage permanent et assez de sable et de poussière, mêlé aux émanations des moteurs de tous
genres non réglés, de camions, de cars, de voitures particulières, stagne en permanence sur
cette ville d'un million d'habitants toujours très affairés. Toux, bronchites m'empêcheront de
dormir jusqu'à la fin de mon séjour !… En dehors des grands axes routiers, les rues non
entretenues sont un véritable dépotoir de déchets en tous genres où broutent quelques chèvres
faméliques. Des amoncellements de sacs plastique vides jonchent toute surface plane ou
s'accrochent aux branches des arbres…. 3 (photos pollution Ségou)

Lundi 08 décembre

Nombreux appels téléphoniques : Alfred et Jacqueline Sidibé qui ont assuré les transport du
Conteneur à destination de Ségou ; en direction du Docteur Balou, ophtalmo de l'Hôpital de
Ségou, pour lui rappeler le protocole à établir et lui demander de contacter téléphoniquement
le Docteur Branellec au Séguéré ; Abdoulaye Keita pour les nombreux problèmes toujours
pendants à Ségou…Patience, attente, demandes sans cesse répétées : autre conception du
temps et relativité de l'importance des choses.
19 h. repas chez Mgr Zerbo à l'archevêché..

Mardi 09 décembre

Repas chez le Docteur GUINDO qui a « emprunté » seize lits médicalisés au Conteneur et
qui nous fait finalement un chèque de quelques centaines d' Euros, en participation aux frais
de transport.

Mercredi 10 décembre

Téléphone à Abdoulaye K., J-B Traoré, Hamadi et Deïdia Diallo, Alfred et Jacqueline Sidibé,
Ambassade..
Au Séguéré, je reçois un ancien élève, Président de la Commission de Surveillance de la
Commune 5, Mamadou SANGARE. Il est père de dix enfants avec deux épouses.
Actuellement en retraite, il peut nous être d'un grand appui pour l'application du protocole
qui est négocié chaque jour avec le maire et le nouveau médecin-chef de l'Hôpital de la
Commune 5..(photo de Mamadou Sangaré)
20 h. repas au « Méditerranée » en compagnie de Michèle Queffelec du Triskell SO.

Jeudi 11 décembre

12h. repas chez Deïdia et Hamadi Diallo qui nous ont préparé entre autres choses un plat
réputé Touareg à base d'herbes et de mouton…(photos Hamadi, Deidia, leurs enfants..)

Vendredi 12 décembre

12 h. Jacqueline vient nous chercher pour que nous allions déjeuner en sa compagnie et celle
d'Alfred. Nourriture locale préparée à l'occidentale…
J'en profite pour régler les dernières dettes de S.B. frais de transport des matériels de Bamako
à Ségou. 184,50 Euros.
23h.55 c'est l'envol en direction de Roissy… Nous laissons sur place pour quelques jours les
docteurs Branellec et Charton…Que ces trois semaines auront passé vite !

 
 


Michel Fichou

Président de l'association Ségou-Breizh
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