Vous trouverez ci-après le compte rendu de la Mission d'Observation effectuée par deux Infirmiers de l'Association SEGOU-BREIZH à Bamako. A la lecture de ce rapport rédigé à la demande et à l'intention du Dr MAÏGA, médecin-chef, il faut surtout avoir à l'esprit que ce qui paraît chez nous, en Bretagne, voire évident, voire nécessaire ou relevant d'un simple bon sens dans notre culture occidentale souvent sur médicalisée, gaspilleuse de médicaments, consommatrice de soins dispendieux... tout cela ne se trouve pas dans des Etablissements Maliens de soins sans Sécurité Sociale et payants. A Bamako, la capitale, 850 000 habitants sur le million que compte cette ville ne peuvent pas avoir accès aux soins . payants On pare donc souvent au plus pressé dans des conditions de travail extrêmes. Continuons donc à aider les Maliens à se perfectionner. Et comparons ce qui est comparable.

Merci à tous ceux qui nous aident dans nos diverses actions.
La Roche, le 26 février 2003.
Le Président de Ségou-Breizh

Michel FICHOU




 
 

COMPTE RENDU DE LA MISSION D'OBSERVATION
EFFECTUEE DANS L'HOPITAL DE REFERENCE
DE LA COMMUNE 5 A BAMAKO

 
  Ce compte rendu est fait à la demande du Docteur MAIGA.
Il se veut critique mais doit pouvoir s'adapter à la situation économique et sanitaire de votre pays.

Ces objectifs répondent à des Normes d' Hygiène européennes qui peuvent être appliquées dans vos services avec de la bonne volonté et peu de moyens.

Il faut absolument insister sur l'hygiène qui éviterait beaucoup de désagréments, de complications et d'infections aux patients.

Ces mesures d'hygiène fondamentales (lavage des mains...) limiteraient une consommation accrue et abusive d'antibiotique. L'administration d'antibiotique de façon systématique engendre un coût financier important pour votre hôpital. La diminution de prescription d'antibiotique limiterait la résistance des germes d'ou
l'importance d'utiliser des produits antiseptiques.


 
I
HVGIENE ET ENTRETIEN DES LOCAUX ET DU
MOBILIER

 
 

1°) Entretien journalier

Les objectifs quotidiens permettent:

- une propreté visuelle des surfaces, un aspect esthétique des sols et une désinfection des surfaces touchées par les mains.
- Une personne dans chaque service doit être responsable de la qualité du nettoyage
- Une grille d'évaluation doit être établie chaque semaine pour vous permettre d'évaluer la qualité de votre travail.

2°) Nettoyage et désinfection du mobilier

Après chaque sortie de patient le mobilier doit être nettoyé et désinfecté avec une solution antiseptique et un chiffon propre (le port de gants est indispensable lors de l'utilisation de ces produits caustiques).
L'alèse de protection du matelas doit être impérativement changée après chaque malade (utilisation d'un drap qui peut bouillir).

3°) nettoyage de la salle de soins

Il est impératif de réaliser le nettoyage dans certaines conditions:

- la salle de soins doit être interdite aux patients ainsi qu'au personnel dont la présence n'est pas indispensable.
- le principe est d'aller du plus propre au plus souillé
- Les poubelles doivent être vidées, les déchets éliminés et détruits
- Ne pas oublier de nettoyer les paillasses et les éviers.

4°) Entretien mensuel

Un grand lavage des murs, des plinthes, des portes et des fenêtres est absolument nécessaire pour limiter l'accumulation de poussières. Cette poussière qui favorise la prolifération des germes et des problèmes respiratoires.

 
II
ASEPSIE ET SOINS INFIRMIERS

 
 

A- ASEPSIE

1°) Lavage des mains

DEFINITION: Le lavage des mains est une composante majeure de l'asepsie permettant de réduire et d'éliminer les flores résistantes. Il interrompt la chaîne de transmission manu portée des microorganismes diminuant ainsi l'incidence des infections nosocomiales.

TECHNIQUE : cf polycopies situées en Annexe 1

2°) Deux types de lavage Cf fiches techniques Annexe 2

3°) Désinfection des mains : Le lavage des mains n'exclut pas la désinfection avant et après chaque soin (utilisation d'un spray désinfectant).

B- SOINS INFIRMIERS ET SURVEILLANCE

1°) Pose d'une perfusion

Il faut préparer sur un chariot propre tout le matériel nécessaire (désinfectant de type bétadine, un garrot propre, un cathlon adapté à la taille de la veine, le flacon à perfuser. Une tubulure et du sparadrap pour maintenir l'aiguille).
Le cathlon doit être changé toutes les 72 heures (en mettant la date sur le pansement).
Il ne faut jamais repiquer 2 fois avec une même aiguille ou cathlon. Il faut bien recouvrir le site d'injection avec une compresse stérile.
Il faut également avoir un conteneur pour les aiguilles usagées ( ne jamais laisser les aiguilles sur le chariot de soins).

2°) Surveillance d'une perfusion

Vérifier l'intégrité du pansement occlusif
Vérifier le bon retour veineux
Surveillance cutanée journalière obligatoire (inflammation, rougeur, diffusion du produit).

3°) Injection intra-veineuse

Les précautions d'asepsie sont identiques à celle d'une perfusion.

4°) Les pansements

- les pansements secs bétadinés se réalisent avec des gants en latex non stériles
- les pansements lourds et complexes se réalisent avec beaucoup d'asepsie. L'utilisation de pinces stériles est indispensable la désinfection se fait à la bétadine et le pansement est à faire tous les jours.

 
 

Nous sommes conscients que toutes ces considérations techniques ne sont qu'un élément parmi tant d'autres pour essayer d'améliorer votre situation.

Votre accueil nous a permis de prendre pleinement conscience de nos propres responsabilités, nous occidentaux face à la situation de pauvreté extrême dont vous êtes souvent victimes.

Nous ne pouvons également rester insensibles aux différents témoignages d'amitiés que nous ont apporté beaucoup de Maliens.

Merci beaucoup au Docteur MAIGA ainsi qu'au personnel de l'hôpital de référence de la commune 5 à BAMAKO pour nous avoir ouvert les portes des différents services sans aucune retenue.

Nous ne pouvons également oublier l'accueil qui nous a été réservé par les différents prêtres catholiques qui œuvrent (parfois depuis des décennies) auprès des plus démunis en partageant leur quotidien.

Merci également à Marguerite Diarra pour les quelques heures passées ensemble pendant lesquelles nous avons beaucoup appris sur les problèmes économiques auquel son pays est confronté.

Ce voyage restera pour nous une grande leçon de vie. Même devant l'ampleur de la tache qui reste à accomplir la motivation et l'attente de tous les gens de bonne volonté rencontré ne peuvent que nous inciter à poursuivre nos différentes actions dans le temps.

Nous terminerons notre propos sans oublier Bernard CHARTON sans qui ce séjour n'aurait jamais pu être vécu aussi près de ce peuple qu'il côtoie depuis plus de 10 ans avec une telle humanité qui ne peut laisser insensible.

AC - BC